Fondation, légende et histoire de l'église de Canac

Aujourd'hui simple hameau de Campagnac, le site de Canac fut occupé comme relais, dès l'époque gallo-romaine. Nous sommes ici sur la voie qui unit le Pays Gabale au Pays Ruthène par la vallée de la Serre. Eglise Romane AveyronOn connaît mal les origines du premier prieuré qui fut crée à Canac. Selon la tradition, un chef sarrazin se serait implanté au 8ème siècle prélevant dîmes et revenus. L'un de ces descendants, dit « Le Sarrazin », se convertit et fait dont à l’Abbaye de Conques de l'église de Canac et de sa dépendance, Campagnac.
Plusieurs textes du cartulaire de Conques font état des relations établies entre la grande abbaye bénédictine Sainte-Foy et le prieuré de Canac qui sera, plus tard, unit au prieuré de Perse à Espalion. Le Prieuré de Canac devient alors matrice de la paroisse et en demeure le siège jusqu'au 16ème siècle, l'église de Campagnac n'ayant ni cimetière, ni fonds baptismaux. L'édifice, reconstruit au 11ème et 12ème siècle, puis transformé par l'Histoire, est remarquable par l’apposition de 2 périodes romanes successives (11ème et 12ème siècle) et de 2 écoles locales. L'abside et le cœur sont primitifs et rattachés à l'école des Gorges du Tarn, dont les exemples les plus représentatifs sont l'église de Liaucous et de Mostuéjouls. La nef et le porche sont eux, caractéristiques de l'école de la Vallée du Lot, dont l'église de Perse commune d'Espalion est un témoin majestueux. L'église de Canac est placée sous le patronage de Saint-Cyr et saint Julitte, martyrisé vers 303 à Césarée de Cappadoce. Outre la beauté et la sérénité du site et les éclats dorés du calcaire au cœur d'une végétation luxuriante, on remarquera, au-dehors, le sobre décor de corniche du chevalet constitué par l'alternance de pleins et de vides et la succession d'arcatures supportant des couvertures en lauze de calcaire. Au nord et au sud on observera la présence d'un d’enfeux. A l’ouest les éléments de décor de l'époque romane subsistent sous le porche, et au-dessus, dans l’arcature centrale on peut voir une série intéressante de chapiteau.

Le 11ème siècle et les Bénédictins de Conques

Au 11ème siècle, les Bénédictins de Conques bâtissent le chevet de l'église sur un plan comprenant :

  • 1 abside pentagonale ornée d'une arcature très simple, faiblement saillante, et d'une frise décorative (alternance de vides et de. Le décor sera repris au chevet de l'église Notre-Dame des Champs à Mostuéjouls. A l’intérieur, l'abside est pentagonale, puis devient curviligne au niveau de la corniche. Les angles du pentagone sont décorés de colonnes dont les chapiteaux et corbeilles sont taillés en dièdre, pour supporter l'arcature intérieure. L’abside se prolonge, vers l'ouest par une sorte de «carré de transept» primitif ouvert sur les absidioles, le choeur et la nef par des arcs outrepassés. De fausses trompes permettent de rattacher le carré pour engendrer une coupole d'un dessin empirique.
  • 2 absides à 3 pans très simples, légèrement curviligne. Ces absides, d'après les quelques vestiges subsistant côté sud, devaient être quasi identiques. Seule subsiste absidiole Nord. L'église ne sera pas achevée mais momentanément fermée par une palissade de bois dont les engravures sont encore visibles dans les supports de l'arc triomphal. L’ensemble est à rapprocher des églises de la vallée du Tarn et de la Dourbie, en particulier des églises de Cantobre, Verrière, Mostuéjouls, la Roque-Sainte-Marguerite…

Au 12ème siècle, reconstruction d'un nouvel édifice

Au 12ème siècle, sans doute pour des motifs d'ordre économique, on entreprend de construire un nouvel édifice, en conservant provisoirement le chevet du 11ème siècle. Bénédictins de ConquesLa construction est commencée par le portail occidental, ménagé dans une sorte de narthex formant tribune à l'étage, et se poursuivant par la nef. Son axe, plein Est, se trouve décalé de l'axe initial du chevet de quelques degrés.
La construction répond ici au canon de l'architecture mise en œuvre dans la vallée du Lot : colonne engagée sur socle et base…
Une fenêtre (première travée après le porche) à conservé l'élégance de ses proportions d'origine. Il n'y a aucune certitude que cette nef est été achevée avec sa voûte. Par contre, le programme de reconstruction du choeur fût abandonné. On notera dans le parti adopté dans la nef, la création d'une travée carré (la dernière avant le cœur du 11ème siècle) destinée, sans doute, à devenir carré du transept. De cette campagne de travaux, on notera encore la présence de 2 pierres remarquables.

L’une de ces pierres, la pierre de l'autel du cœur, porte en lettres romanes l'inscription :
"VII : K(A)L(ENDAS) APRILIS D(EDICATIO) CVIVS ALTARIS"
Cette inscription témoigne de la dédicace de l'autel.

Une autre pierre, également de l'époque romane, a été scellée sous la fenêtre de la chapelle Nord. Elle représente une succession de 3 arcatures. Sont également représentés, un soleil, une étoile et la lune ainsi que des inscriptions :
"RE GI NA CE LI" et au-dessus, : "S . IOAE"
Sans doute faut-il voir dans ces symboles une invocation de la Vierge reine du ciel, décrite dans l'Apocalypse de Saint-Jean, couronnée d'étoiles, la lune sous ses pieds. L’église de Perse à laquelle Canac fut unie, porte en son tympan une figuration de la Vierge couronnée, entouré de la Lune et du soleil.

L’époque gothique, les guerres de religion, et le  18ème siècle

À l'époque gothique, pour des raisons ignorées, l'abside Sud-Est est abattue et remplacée par une chapelle quasi rectangulaire à l'intérieur de laquelle on note plusieurs niches avec des décors sculptés.Portail Roman en Aveyron Eglise de Canac
Un peu plus tard, seront ouvertes de part et d'autre de la nef, des chapelles formant transept. Celle du Nord sera adossée d’enfeux pour la sépulture de familles illustres. La chapelle Sud est remarquable par sa clef armoiriée et la présence de poteries acoustiques. Cette chapelle reçoit fondation au 11ème siècle de la famille Jory.
Au moment des guerres de religion, la tradition rapporte que des troupes calvinistes ce seraient acharnées sur Canac, après s'être heurtées aux défenses de Campagnac. Ce pourrait être à cette occasion qu’aient été ruinées les voûtes et couvertures de la nef. Désormais, la nef sera couverte, au niveau des chapiteaux, d'une lourde charpente supportant une couverture en lauze de calcaire, un lambris en bois et lattis formant plafond en dessous. L’édifice ne semble pas bénéficier de travaux durant les 17ème et 18ème siècles. Le déséquilibre de population milite, désormais, en faveur de Campagnac. L'état du diocèse en 1771 fait apparaître une population paroissiale de 12192 habitants dont 718 pour Campagnac seul.

La Révolution et nos jours

La Révolution marque une période d'abandon. L’entretien des couvertures n'est plus assuré régulièrement. Le conseil de Fabrique et le curé réclameront des mesures urgentes de sauvegarde et de restauration.
En 1888, l'état des couvertures de la nef est tel que l'on craint pour la sécurité des fidèles. L’architecte Henri Pons étudie un projet de restauration comprenant :

  • la « restitution » de la façade occidentale
  • la dépose des charpentes et couverture de la nef
  • le rétablissement des chapiteaux et arcs doubleaux de la nef
  • l’exhaussement des murs gouttereaux
  • la création d'une voûte en brique
  • la création d'une d'une nouvelle charpente avec couverture en ardoise

A ce programme, s'ajoute une restauration intérieure comprenant la création de nouvelles ouvertures, eglise romane campagnacl'élargissement de la plupart des baies existantes…
Vers 1922, d'autres travaux seront entrepris : plâtrerie et autel de marbre dans le choeur, chemisages en brique, fermeture de la sacristie et du narthex, nivellement des sols et cimentage.
L'humidité du site et le béton des sols ayant entraîné une forte dégradation des parements, des scouts piochent les murs dans les années 70
Avec l'aide conjointe de la commune, du département et de l'État (Service des Bâtiments de France) des travaux sont entrepris à partir de 1987. Les parements sont restaurés, les dallages rétablis en leur niveau originel et les diverses adjonctions supprimées pour rendre à l'édifice un aspect plus authentique.

-Textes de l'Association "Vivre à Campagnac et dans ses Hameaux"-

en savoir plus sur Campagnac et sa région :
Mairie de Campagnac
Office du Tourisme des Causses à l'Aubrac
Communauté de Communes des Causses à l'Aubrac


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